Innovation pédagogique en cours en Afrique de l’Ouest

Depuis décembre 2022, le Cégep de la Gaspésie et des Îles met en place un important projet pédagogique pour ses activités de développement communautaire en Afrique de l’Ouest. Résolument innovant et structurant, ce projet formalise l’ensemble des interventions de formation et de renforcement des capacités des bénéficiaires en s’inspirant des meilleures pratiques et des approches pédagogiques reconnues dans le réseau collégial québécois.

Véritable défi pédagogique, la démarche intègre plusieurs principes. Non seulement les formations sur mesure appliqueront l’approche par compétences, mais elles s’adapteront aux populations vulnérables, ce qui inclut des femmes et des jeunes qui sont souvent peu scolarisés. À cela s’ajoutent un processus d’écologisation de la formation et une pédagogie sensible au genre, et ce, pour l’ensemble des étapes de conception et de réalisation des activités. À terme, la démarche proposera également des formations clés en main. Celles-ci permettront aux formatrices et formateurs relais de les reprendre dans différents pays et dans différentes langues comme le sérère, le dioula, le soussou, le créole portugais, le peuhl, le malinké ou le wolof.

Yvonne Langford, conseillère pédagogique actuellement au Sénégal pour travailler avec les expertes et experts du Cégep, explique : « En soi, chacun des éléments représente un défi. Lorsqu’on les conjugue, on est carrément dans une expérimentation qui débouche sur un modèle innovant que des observatrices et observateurs de plus en plus nombreux regardent avec intérêt. » Le projet pédagogique comprend un processus et des outils communs, des méthodes pédagogiques adaptées en fonction des populations ciblées ainsi qu’une formation et un accompagnement pédagogique des personnes expertes qui conçoivent ces formations.

Les expertes et experts du bureau de Dakar témoignent

Khady Ndiaye, coordonnatrice des services administratifs et financiers, applique ce processus dans les formations qu’elle élabore pour aider les femmes à gérer les finances des unités de transformation mises en place par le Cégep dans les différents villages d’intervention. Selon elle, cette approche pédagogique facilite l’acquisition de nouvelles connaissances. « Lorsque la formation est axée sur la pratique et qu’elle reste en lien avec la réalité vécue, les apprenantes et apprenants comprennent mieux l’utilité des apprentissages », souligne-t-elle.

Spécialiste en transformation des aliments, Moussa Dieng fait un constat similaire : « Tout ce travail de planification méthodique permet aux formatrices et formateurs relais de s’approprier la formation pour la donner à leur tour. Non seulement cela permet de conserver une certaine qualité de formation, cela permet aussi d’amener les apprenantes et apprenants à réaliser des tâches pratiques, concrètes et significatives pour qu’elles soient ensuite bien intégrées dans les processus de travail. »

Nicolas Mbengue, expert en environnement et coordonnateur du projet Adaptation des populations côtières et économie bleue (APOCEB), développe une formation pour aider les populations à restaurer et à gérer durablement des sols agricoles dégradés. Cette approche pédagogique lui permet de mieux structurer ses formations. Il explique : « La structuration des formations, c’est capital. En fin de compte, c’est ça qui fait la différence. Cette façon de faire permet aux participants et participantes d’appliquer concrètement la compétence, de changer leurs manières de faire, de comprendre pourquoi et d’en constater les bénéfices. »

Coordonnatrice aux opérations du bureau de Dakar, Line Bourdages estime que « cette expérience de formalisation de nos formations représente un immense bond en avant pour l’équipe des projets internationaux avec des formations mieux structurées ».

Cette expérience pédagogique innovante permet au Cégep de la Gaspésie et des Îles de mieux répondre aux besoins des bénéficiaires de ses projets ouest-africains.